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Enfin mes projets de drames et autres finiront peut-être par me donner le succès et un peu d’aisance ; et tu sais que mon seul et premier souci sera toujours de te rendre plus douce l’existence que la santé de notre bonne vieille maman te force à mener.

En attendant, je prends un peu de repos et de santé pour ce travail de qui j’espère notre bonheur à tous. Tu me reverras à la fin de la semaine et je me remettrai solidement à la besogne.

Je t’embrasse mille fois ainsi que maman. Souvenirs à Sindico, aux amis que tu verras. Amitiés aux dames des Baudières dans toutes tes lettres[1].

FRANCIS.


Mme Coppée mourut âgée de soixante et onze ans, le 2 septembre 1874 ; ce jour-là quelque chose de délicieux s’éteignit en François Coppée, et, depuis lors, il ne s’est plus senti jeune.

Elles étaient à jamais perdues, ces heures si douces, ces heures de parfait bien-être, dans cette atmosphère de tendresse maternelle qu’il a si pieusement évoquée :


J’écris près de la lampe. Il fait bon. Rien ne bouge.
Toute petite, en noir, dans le grand fauteuil rouge.
Tranquille auprès du feu, ma vieille mère est là
Elle songe sans doute au mal qui m’exila,
Loin d’elle, l’autre hiver, mais sans trop d’épouvante ;
Car je suis sage et reste au logis quand il vente.
Et puis, se souvenant qu’en octobre la nuit
Peut fraîchir, vivement et sans faire de bruit,
Elle met une bûche au foyer plein de flammes.
Ma mère, sois bénie entre toutes les femmes !

  1. Sa sœur Sophie, ses nièces Sarah, Eve et Geneviève Lafaye étaient alors aux Baudières, hameau de l’Yonne, situé près de l’abbaye de Pontigny.