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mon absence ; car elle m’est bien salutaire. Que ma bonne Annette se soigne de son mieux.

Je vous embrasse de tout mon cœur, comme je vous aime.

FRANCIS.


11 mai.

Mes chères bonnes femmes,

Avant-hier, je suis allé, avec Paul, passer la journée au château de Chenonceaux, chez M. Wilson, le député, qui offre le type de radical millionnaire. Lui et sa sœur, Mme Pelouze, nous ont du reste admirablement fait les honneurs de Chenonceaux, qui est une des plus exquises créations de la Renaissance et qu’ils ont empli de merveilles de toutes sortes, tableaux anciens de grande valeur, collections très curieuses de portraits, meubles anciens, tapisseries, objets d’art, enfin un poème en bric-à-brac. Nous avons en projet de faire, cette semaine, une tournée dans les châteaux historiques de la Touraine, Azay-le-Rideau, Loches, Blois, peut-être Chambord. Mais voici Paul encore absent pour deux jours, et je vais aujourd’hui tenir compagnie à Mme Haag.

Annette aura la bonté de m’envoyer, — par la grande vitesse, — mon habit noir ; car je prévois une invitation chez le général Chanzy, qui commande le corps d’armée, et il ne me sera guère possible de la refuser.

Rien de nouveau d’ailleurs. Ici, un temps médiocre, comme à Paris. Alternatives de pluie et de soleil. Je lis beaucoup ; j’écris un peu. Je fais des projets de toutes sortes.

Au revoir, chère Annette, bonne maman, et recevez toutes mes caresses. FRANCIS.

Amitiés à Sindico, à d’Artois, à Mestadier, aux habitués, et à Sophie et sa petite famille.

Priez Nicolardot[1], au souvenir de qui je me rappelle, de ne pas m’oublier auprès de d’Aurevilly[2].

  1. Louis Nicolardot, homme de lettres qui faillit entrer dans les ordres, auteur du Ménage et Finances de Voltaire, et d’une Histoire de la Table.
  2. Jules Barbey d’Aurevilly.