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faire une visite au général et au banquier pour qui j’ai des lettres. M. Combes, de Bordeaux, l’ami d’Agar, m’a aussi donné une recommandation pour Gustave Lemoine, beau-frère de Montigny du Gymnase, mari et parolier de Loïsa Puget. Adieu, à la grâce de Dieu ! est le seul vers que je connaisse de cette illustration littéraire de Pau, mais cela suffit pour entrer en relations. Et puis je veux arranger ma vie ici pour qu’il y ait quelques heures consacrées au travail. — Comment allez-vous à Paris ? et que savez-vous de nouveau ? J’ai trouvé ici, hier soir, à la poste restante, où je vais retourner pour vos lettres, un exemplaire de la nouvelle édition de mes œuvres. C’est complètement bien et j’écris à ce bon Lemerre combien je suis enchanté. À bientôt. Mes amitiés à tous ceux que vous verrez, et particulièrement à Sindico.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

J’écrirai demain à M. Burot et à la princesse Mathilde.

FRANCIS.


Pau, jeudi soir.

Ma chère maman, ma bonne Annette, je n’ai qu’à me féliciter d’avoir loué une chambre en ville et pris pension dans un restaurant. Je suis chez moi, quand je veux, bien plus qu’à l’hôtel, et je réalise une très grande économie. Je vais bien et le temps est toujours beau. Il fait même très chaud pour la saison, au moins dans l’après-midi. La température d’ici ne me paraît pas, par exemple, de nature à vous donner envie de travailler. Jamais je ne me suis senti si paresseux et je vois d’ici Annette qui fronce les sourcils. Mais, avant tout, il ne faut pas forcer la Muse, et j’aime bien mieux ne rien faire que faire mauvais. Il paraît que les journaux commencent à annoncer la soirée de la Princesse et parlent de la représentation de ma pièce qui y sera donnée. Que deviendrais-je, si j’étais à Paris en ce moment ? C’est à cela qu’il faut que maman pense pour prendre en patience cette bien longue séparation. J’ai écrit à la Princesse et il se peut que ma lettre, où je lui parle de l’époque où Agar veut se porter candidate au sociétariat, hâte un peu le dénouement de toutes ces attentes. D’ailleurs la vie est, à Pau, assez agréable et commode pour moi. Je ne m’y ennuie parfois que parce que je n’y suis pas avec