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FRANÇOIS COPPËE

LETTRES A SA MÈRE ET A SA SŒUR
(1869-1873)

Je viens de retrouver, dans les papiers de mon oncle François Coppée, un touchant « Reliquaire, » un petit paquet de lettres reliées en un cartonnage grisâtre. Ce sont toutes les lettres du poète à sa mère, classées par ordre chronologique, la plus ancienne remontant à l’année 1862. François Coppée avait dû les relire souvent, pendant sa grave maladie de 1897, et c’est sans doute en les relisant, en songeant au lointain passé, aux chères affections mortes, que de douces larmes lui étaient montées du cœur aux yeux et que, sans y prendre garde et fermant le petit livre, il avait retrouvé, au fond de lui-même, les prières de son enfance.

De ces lettres je publie, ici, les plus intéressantes. Elles nous montrent que François Coppée, à l’heure même de la gloire naissante, alors qu’en pleine jeunesse il était fêté, adulé, gâté, n’en restait pas moins simple, modeste, bienveillant ; demeurait, malgré tout, homme de sentiment et de cœur, « homme de famille, » qui pas un instant ne cessa d’aimer sa mère, de penser à elle, comme pas un jour, plus tard, il ne cessera de penser et de vivre avec sa sœur et pour sa sœur.


I

François Coppée vient de goûter, avec le triomphal succès du Passant le 14 janvier 1869, le bonheur complet en pleine jeunesse.