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On traite ensuite des réclamations relatives aux prises de navires de commerce faites depuis le début des hostilités qui a été fixé au 26 septembre 1793.

Quant au traité de commerce dont la négociation ultérieure avait été annoncée par le traité de paix, « les avantages commerciaux qui nous sont accordés sont si étendus, qu’il est à propos de ne pas s’occuper encore d’un traité définitif…

Enfin il importe que Lannes se rende immédiatement à son poste ; « pour prévenir les tentatives que pourrait faire le commerce anglais en vue de priver nos négocians des avantages que leur confère le traité de paix. Les habitudes et peut-être les inclinations des négocians portugais sont pour l’Angleterre ; ce n’est que par la voie de la persuasion que nous pourrons donner à leurs affaires un autre cours, et les ramener vers la France. Le changement à faire subir à l’opinion est un des objets les plus délicats et les plus importans de la mission confiée à l’envoyé extraordinaire de la République. »

En adressant à Lannes le 4 brumaire (15 novembre) l’expédition de l’arrêté qui le nommait, Talleyrand n’avait pas manqué d’y ajouter des complimens que la suite de leurs relations personnelles devait rendre cruellement ironiques : « Je désire que les rapports qui vont s’établir entre vous et mon département me fournissent une occasion journalière de rendre compte au Premier Consul de votre zèle et de vos services. » Et Lannes de répondre : « Je suis très flatté, citoyen ministre, des rapports qui vont me lier à votre département. » La lune de miel devait être des plus brèves : il est d’ailleurs probable que les relations personnelles du général et du ministre n’étaient pas déjà des plus intimes, car nous voyons le consul Cambacérès, dans une lettre adressée à Talleyrand pour lui seul, le 21 frimaire (10 décembre 1801), solliciter une audience en faveur de Lannes. Un chef de mission qui part pour l’étranger n’a pas généralement à user de tels intermédiaires pour être reçu par son ministre.

Avant de quitter la France, Lannes eut à se préoccuper d’organiser le personnel de sa légation ; il n’y avait en effet à Lisbonne, les rapports venant seulement d’être repris, qu’un commissaire des Relations commerciales, autrement dit un consul général, Sérurier. Le nouveau ministre emmenait avec lui, comme secrétaire de légation, un homme appartenant par son origine