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D’après l’Office du travail, au 1er janvier 1910, il en existait 510, comprenant environ 20 000 membres, et qui ont fait en 1909 à peu près 65 millions d’affaires. Mais les trois quarts de ces Associations n’ont pas plus de dix ans d’existence ; et les trois quarts font moins de 100 000 francs d’affaires. Ce n’est pas chez celles-là qu’il faut chercher l’indice sûr de la vitalité des Associations ouvrières : d’autant moins, qu’à partir de 1894,est apparue, chaque année, en leur faveur, la subvention gouvernementale, qui a provoqué une recrudescence de leur multiplication ; toute intervention de l’État apporte dans l’observation sociale une perturbation dont il importe de tenir compte[1].

Mais les Associations déjà anciennes et fortes, faible fraction de la totalité, ont-elles conservé au principe coopératif toute sa rigidité démocratique ? L’ont-elles fait fléchir, pour l’accommoder, plus souple, aux nécessités de la discipline et de la concurrence, ou pour servir des ambitions personnelles habilement déguisées ? Ne perdons pas de vue le but essentiel de l’Association ouvrière, qui est l’ « affranchissement » économique de toute une corporation. Elle doit être accessible à tous, et ne jamais devenir l’exploitation d’ouvriers, indéfiniment rejetés hors du pacte social, par une sorte d’état-major d’ouvriers-patrons. Remarquons qu’un des signes caractéristiques de ce dernier état de choses, c’est la prédominance, ou même la trop grande proportion des travailleurs « auxiliaires » sur les travailleurs associés, et nous comprendrons toute la signification de ce simple fait accusé par la statistique officielle : 292 Associations emploient des auxiliaires, au nombre de 6 737 ; tandis qu’elles comptent 12 660 sociétaires, dont 7 665 seulement travaillent. Ajoutons que les plus fortes Associations étant celles qui ont le plus d’auxiliaires, il est certain que, chez la plupart de celles-ci, le nombre des auxiliaires l’emporte de beaucoup sur le nombre des membres. En parcourant les statuts des Associations, on n’est pas moins surpris de la rémunération énorme du capital : elle absorbe du cinquième à la moitié des bénéfices. On reconnaît ici l’influence de Fourier.

  1. Cette subvention est aujourd’hui de 300 000 francs. Depuis quelques années, la plus grande partie de cette somme est répartie aux Associations, sous forme de prêts, par l’intermédiaire de la Banque coopérative. L’intérêt exigé n’est que de 2 pour 100.