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en 1909, malgré tous les engagemens antérieurs. Faute de ressources, l’évêque de Brazzaville a dû réduire l’importance des écoles professionnelles et la colonie est la première à en souffrir. Les agens du gouvernement, tout en recourant sans cesse aux missionnaires, se gardent bien d’en faire mention dans leurs rapports. Bien plus, il n’est pas de vexations qu’ils ne leur suscitent. Un jour, on réclame à l’évêque une somme de 30 000 francs pour un éléphant tué sur le terrain de la mission ; un autre, on envoie aux Pères une feuille d’imposition pour des cases qui ne leur appartiennent pas et qui sont la propriété des indigènes. Ce sont sans cesse des réclamations injustifiées contre lesquelles les religieux ont à se défendre. Quand comprendra-t-on qu’une telle attitude est aussi impolitique que mesquine, que les passions anticléricales, si violentes soient-elles à l’heure actuelle, doivent céder au moins devant la raison patriotique et que non seulement le devoir, mais l’intérêt même de la colonie, serait de venir en aide à nos missionnaires au lieu de les combattre ?

« Pour civiliser l’Afrique, écrivait naguère Gordon Pacha, le héros de Khartoum, il faut des apôtres, des hommes qui ont abandonné toutes choses ; comprenez-moi bien : toutes choses ; des hommes qui soient morts au monde. »

Ce bel hommage rendu par un illustre protestant aux « missionnaires romains » devrait servir de leçon à nos gouvernans.


BARON JEHAN DE WITTE.