Comme l’auteur de ce livre[1] l’a très bien dit, il n’y a pas
de livre plus moderne que celui-ci. Euripide était le poète le plus
moderne de l’antiquité. Aussi tout « professeur de la langue
grecque, » comme disait Bossuet de Mélanchton, qui ne renonce
pas complètement à avoir du monde à son cours, s’il n’a pas
l’audace de faire son cours sur Aristophane, le fait, infailliblement, sur Euripide. Euripide est sûr d’intéresser les modernes.
Nietzsche, — dont je m’étonne que M. Masqueray n’ait rien dit, — Nietzsche le savait bien, qui exécrait Euripide. Il le considérait comme un élève de Socrate et comme, après Socrate, le premier qui eût substitué la raison et le raisonnement, la raison raisonnante et l’analyse dissolvante à l’instinct, à l’instinct puissant et qui ne se trompe pas, lequel avant Socrate et Platon dirigeait et poussait et soulevait les hommes.
Il y aurait bien des choses à dire là-dessus que j’eusse souhaité qui fussent dites par M. Masqueray, Euripide étant moins simple que cela, d’abord, et aussi l’instinct, qui poussait les hommes avant Socrate et lui étant surtout l’nstinct religieux que Nietzsche déteste de tout son cœur ; et sur cet embrouillement tout au moins apparent il faudrait un peu causer. Enfin M. Masqueray n’a point parlé de Nietzsche ; n’en parlons plus.
Ce qu’il a bien vu, c’est que les idées d’Euripide sont très modernes. Ce qu’il a bien vu ensuite, c’est jusqu’à quel point elles sont modernes et qu’assez souvent, comme il est naturel, elles ne le sont pas. Ce qu’il a bien vu ensuite, c’est qu’elles
- ↑ Euripide et ses idées, par M. Paul Masqueray.