Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 3.djvu/868

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE COLLÈGE DE FRANCE

SON RÔLE PRÉSENT ET SON AVENIR

Toutes les institutions qui ont un long passé sont exposées périodiquement à un double danger, qui est de n’être plus bien comprises de l’opinion publique ou de perdre elles-mêmes le sentiment efficace de ce qu’elles ont à faire pour s’adapter à un milieu nouveau. Le Collège de France, vieux de près de quatre siècles, a échappé jusqu’ici à ce danger, grâce à son principe originel de liberté, grâce aussi aux services manifestes qu’il n’a cessé de rendre à la science. Issu du mouvement des esprits qui a fait la Renaissance, il a pu traverser sans dommage tous les régimes politiques, il a reçu de tous des témoignages de faveur, et il apparaît aujourd’hui encore comme une des institutions les plus propres à honorer et à servir notre pays. Toutefois, en ce temps où l’opinion publique, singulièrement éveillée et active, s’occupe de tout, et veut, non sans raison, se rendre compte de tout, il peut n’être pas inutile de lui expliquer plus distinctement ce qu’elle voit peut-être d’une manière un peu confuse. Et il faut ajouter qu’en expliquant aux autres ce qu’on est ou ce qu’on veut être, il arrive ordinairement qu’on le comprenne mieux soi-même, ce qui n’est pas un avantage à dédaigner.

La nécessité qui s’imposait au Collège de déterminer avec netteté sa libre et originale orientation dans le mouvement scientifique contemporain n’a échappé ni à ses représentans actuels, ni au ministère de l’Instruction publique. Elle s’est fait