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recueils, à Paris et à Londres, Macédoines, 12 Paysages, 8 sujets de paysages. En même temps, comme Delacroix, il apprend du graveur anglais, Reynolds, établi à Paris, la pratique de l’eau-forte dans laquelle il va bientôt se montrer un maître supérieur. Chemin faisant, il expose où il peut, en 1830, au Diorama Montesquieu, sous les auspices de la Duchesse de Berry, une Vue de Rouen et une Vue du Château d’Arques. Ce dernier tableau, panoramique, que nous retrouvons à l’école des Beaux-Arts, lui valut dans le Globe un article enthousiaste de Sainte-Beuve qui admire en lui, comme sa qualité saillante, « l’intelligence sympathique et l’interprétation animée de la Nature. » Dès lors, le peintre s’associe, comme un allié des plus précieux, au groupe des militans littéraires.


III

La Révolution de 1830 fut saluée avec joie dans la jeunesse romantique. Par tempérament ou par conviction, qu’on s’y mêlât ou non de politique, dans le Cénacle on se proclamait libéral. Quelques-uns souhaitaient la république et ne s’en cachaient point ; Huet, l’un des plus ardens, s’était même laissé naguère affilier un moment au carbonarisme. Il jurait d’ailleurs qu’on ne l’y reprendrait plus et, mieux informé, refusa depuis de se laisser enrégimenter en aucune société secrète. Aux journées de Juillet, il avait fait le coup de feu avec Alexandre Dumas, alors secrétaire du Duc d’Orléans. Est-ce par lui qu’il fut mis en rapport avec le Palais-Royal où fréquentaient déjà plusieurs camarades de la plume et du pinceau ? Toujours est-il que quelques années après, en 1836, on le trouve professeur de peinture de la jeune Duchesse d’Orléans qu’il accompagne au château de Compiègne.

De 1830 à 1836, la gêne était encore restée grande, malgré un travail opiniâtre. Toujours avide de spectacles nouveaux et d’impressions fortes, il avait, en 1831, fait à pied la tournée des monts d’Auvergne avec MM. de Talliac et de Cambis puis, chez ce dernier, passé quelques jours à Avignon. Ses étonnemens et ses émerveillemens, notés dans une longue lettre à son ami Sollier, sont encore de ceux qu’il entretiendra passionnément dans sa mémoire et qu’il traduira, peu à peu, plus tard, en quelques-unes de ses meilleures toiles. Il reviendra sans