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Elle casse, distraite, un rameau d’oranger,
S’assied sur le vieux mur couronné de lambrusque,
Repart, alerte et svelte en son péplos léger
Et rejette son voile avec un geste brusque.

— Or, là-bas, au soleil dorment, le front penché,
Des roses, — et chacune a sa grâce diverse :
C’est la rose de feu dont se parait Psyché,
C’est la rose d’Égypte et la rose de Perse…

Et Rhodante les voit, et Rhodante les prend,
Ces roses aux parfums puissans, aux robes lisses,
Et Rhodante en compose un bouquet odorant,
Plonge son frais visage au fond des frais calices,

Puis, grise de senteurs, levant ses bras nerveux
Sur sa tête, gaîment, Rhodante les secoue…
Des pétales pourprés tombent dans ses cheveux,
Des pétales neigeux vont caresser sa joue,

Ils glissent sur les plis de son voile de lin,
Sur le sable ils ont l’air de coquillages roses,
De flammes, de flocons… Rhodante a fait, soudain,
Comme une ablution de pétales de roses !



LA MER

Menton, février 1911.


La mer est comme un lac irisé finement,
Un miroir où le ciel nonchalant se reflète
Et qui dort d’un paisible et pur enchantement…

Elle est à la fois bleue, et grise, et violette…
Une brume légère estompe l’horizon
Et voile le profil des côtes d’Italie