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Partout d’ailleurs, dans le continent noir, les filles prennent les tares organiques de la race de meilleure heure que les garçons, soit parce que, plus précoces, comme partout, elles arrivent plus vite à la fin de cette période où l’enfance est relativement indemne et aux débuts de celle où l’action des altérations ethniques se fait sentir dans l’organisme même ; soit, plutôt, pense-t-on, parce qu’elles ont été, de génération en génération, plus éprouvées par la situation inférieure à laquelle elles sont condamnées. Là, en effet, où la femme est plus ménagée et où l’homme prend sur lui plus de fatigues de divers ordres, c’est le contraire qui se manifeste. Dans les familles juives, le charme du type de la jeune fille se conserve beaucoup plus longtemps, tandis que le type masculin y est beaucoup plus vite compromis. Pareille différence se retrouve dans certaines populations comme celles du pays d’Arles. On n’est point embarrassé pour y trouver des figures féminines dignes de l’antique renommée ; la population masculine y est au moins aussi laide qu’ailleurs.

La divergence qui partout se manifeste si promptement entre le caractère des petits garçons et celui des petites filles n’infirme en. rien ce que nous venons de dire sur le privilège qu’a la première enfance de nous rappeler mieux que tout autre âge la communauté de nos origines. L’homme est à la fois homme et femme ; et pour ceux mêmes qui aiment les hypothèses évolutionnistes jusqu’à rechercher quelle peut avoir été l’origine organique des sexes, il n’y a pas à nier que cette différence ne soit dans ce que nous avons bien le droit d’appeler la nature. Que ces diversités s’accroissent encore avec la civilisation, nous n’avons ni à nous en étonner, ni surtout à le regretter. Il est plus fâcheux de voir survenir toujours trop tôt les tares caractéristiques d’un abaissement physique et moral. Dans quelle mesure peut-on aider la nature première à en triompher, à les amortir tout au moins, et à remonter vers le niveau où se maintiennent des races plus heureuses ? Il faut se contenter ici de certaines indications partielles, non sans valeur cependant.

Voici les petits Sénégalais. Il est certain que si on les prend tout à fait enfans et si on les élève à part, on les amène à un état supérieur à celui de leurs congénères. Encore faut-il y apporter beaucoup de précautions. Livrée à elle-même, la nature la plus déchue cherche encore un certain équilibre : elle y tend par des ajustemens gradués, soit des caractères organiques les