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de ses ennemis. Quelques vieux-catholiques, quelques catholiques d’Etat, quelques prêtres tombés : voilà la victoire du gouvernement, » victoire si précaire, qu’on refusait aux provinces rhénanes leur autonomie par peur du parti ultramontain. « Nous leur avons détruit beaucoup de choses, » disait récemment au sujet de ces provinces un fonctionnaire qualifié, et pour lui, peut-être, c’était là une victoire. « Victoire de Vandales, » ripostait Schorlemer, et tout de suite se pressaient sur ses lèvres, avec un acharnement douloureux, les évocations de certains épisodes, révoltans ou puérils : officians arrêtés à l’autel, églises violées par les gendarmes ou violées par les mauvais « prêtres d’Etat, » couvens détruits, écoles normales vidées ; magistrats en émoi devant la silhouette d’un pauvre prêtre qui venait de dispenser quelqu’un du jeûne et qui peut-être, ainsi, avait fait acte sacerdotal, évêques et prêtres frappés d’exil par le verdict de quelques gens de robe. L’antique Athènes exigeait, pour appliquer l’ostracisme, que 6 000 citoyens en fussent d’accord. « Nous avons donc reculé au-delà de la civilisation païenne, protestait Schorlemer ; c’en est fait de toute logique, de tout sentiment du droit, de tout bon sens. » Mais à leur tour, les intérêts matériels souffraient ; il se retournait vers ces libéraux qui soupçonnaient les catholiques d’être lassés de Culturkampf. « C’est vous-même, leur signifiait-il, qui devez commencer de songer à autre chose, aux douleurs qui s’accumulent sur le terrain social et économique. Entendez-vous ces pas lourds qui s’approchent, ce sont les souliers ferrés des agrariens ? Ils ont un drapeau ; et sur ce drapeau il y a Bismarck. » Ainsi Schorlemer annonçait-il les dislocations futures ainsi faisait-il prévoir le congé fatal que tôt ou tard Bismarck et le nationalisme libéral se signifieraient réciproquement. « Le temps viendra, terminait-il, où sur le trône, à la table des ministres, sur les bancs de cette Chambre, on se repentira amèrement d’avoir commencé le Culturkampf. Je veux seulement désirer que ce jour de remords ne vienne pas trop tard, mais je le crains ! »


En ce qui regarde le conflit politico-religieux, écrivait peu après le député Virnich, on a, dans ces derniers temps, pour égarer le peuple catholique, prêté au Centre plusieurs, idées de compromis. Mais son attitude a toujours prouvé et continuera de prouver que ces espérances des adversaires sont bâties sur le sable. Il saluera avec joie un traité de paix