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propose des concessions financières. Le 17 juillet[1] la Souveraine, qui redoute la prolongation des hostilités, cède aux instances de Gladstone et charge le Dean de, Windsor d’une dernière démarche auprès du Primat. Elle aboutit. La paix est signée. La Constitution reste intacte.

Au mois d’août 1884, elle est plus gravement menacée. Dans un long mémorandum adressé à la Reine, Gladstone attire l’attention de la Souveraine sur les conséquences qu’entraîne le rejet par les Lords de la réforme, qui accroît de 3 millions le nombre des électeurs. Si le conflit reste sans issue, il posera devant le pays, consulté dans ses comices, la question des pouvoirs politiques de l’aristocratie héréditaire. Victoria invite à Balmoral les hommes d’État conservateurs, leur dit ses inquiétudes et fait appel à leur patriotisme. Le 11 octobre, elle obtient de Gladstone et de lord Salisbury qu’ils autorisent deux de leurs partisans les plus modérés, lord Hartington et sir Michaël Hicks Beach, à ouvrir des pourparlers. Ces conversations démontrent qu’une transaction est possible. Le 31 octobre, la Reine demande alors à son premier Ministre d’entrer, officiellement, en négociations avec ses adversaires.


Elle a des raisons de croire, dit-elle, que si on donne au parti conservateur l’assurance que le remaniement des circonscriptions ne lésera point gravement ses intérêts, on obtiendra sa coopération.


La conférence a lieu. Elle aboutit. L’entente est faite. Et le 27 novembre 1884, Gladstone informe Victoria que « ces délicates négociations d’une forme si nouvelle » ont été couronnées de succès. « Son premier devoir est d’exprimer respectueusement à Sa Majesté ses remerciemens, pour la sage et ferme action qu’il lui a plu d’exercer, et qui a si puissamment contribué à faire réussir cette transaction et à éviter une crise sérieuse. » La paix est signée. La Constitution est sauvée[2].

Victoria gémit sur le progrès de la démocratie et la dureté des temps. Elle a lutté pour retarder l’avènement des deux générations de radicaux, Molesworth et Cobden, J. Bright et J. Chamberlain. La machine gouvernementale, qui roule avec tant d’aisance quand Beaconsfield est au pouvoir, marche plus lentement

  1. Lord Morley, Life of Gladstone, t. II, p. 259, 262, 267, 271, 273, 278. — Life of Tait, t. II, p. 8, 14.
  2. Vie de Gladstone, t. III, p. 130 à 139.