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mon droit, je me défendrai en désespérée et tâcherai de périr avec le reste du royaume. »

Gallo répondait à ses désirs en lui apprenant que, moyennant l’acceptation des conditions imposées par l’Empereur, les troupes françaises allaient évacuer les Etats de Naples. Ce traité, fidèlement observé par le Roi et la Reine, eût pu sauver le royaume ; mais comme les souverains qui ne croyaient pas au triomphe de Napoléon sur la coalition nouvelle, avaient traité secrètement par leurs ministres Circello et Luzzi avec les ennemis de l’Empire, leur chute n’était plus qu’une question de temps. Une pareille duplicité devait être châtiée.

Bientôt en effet la nouvelle des victoires de Napoléon arrive à Naples. « Nous sommes, écrit la Reine, extrêmement affligés des succès inouïs remportés sur le Rhin et en Allemagne. L’Italie a été évacuée par les armées autrichiennes. Cela nous fait trembler. Les Russes sont partis de Corfou depuis le 23 octobre. Nous craignons qu’ils ne viennent. Nous n’avons aucune force à leur opposer, parce que nous avons été annihilés par la violence française, et les Russes, de leur côté, ne savent où aller… Le corps russe et anglais est si peu de chose qu’il paraît fait exprès pour nous compromettre et ne point nous sauver. » Le 30 décembre, elle s’attend à tout et elle a encore recours à Gallo pour le prier « d’aller trouver l’Empereur de l’Europe entière et faire la paix, ou pour mieux dire, assurer, consolider notre bonne harmonie, parce que nous n’avons jamais été en guerre. » En, guerre ouverte, non ; mais en état secret d’hostilité, cela était indiscutable. La neutralité promise avait été audacieusement violée. Les Anglais avaient acheté 2 000 chevaux à Naples et le général de Damas était revenu prendre le commandement de l’armée napolitaine. L’escadre et les transports russes avaient été admis à Messine. Les Anglais avaient débarqué à Castellamare et les Russes à Naples, où Marie-Caroline leur avait fait le plus flatteur accueil. Alquier accusait formellement la Reine d’avoir poussé son gendre, l’Empereur d’Autriche, à la guerre. Enfin, d’accord avec les Anglais et les. Russes, les troupes napolitaines s’étaient portées vers la frontière des États romains. C’était la dernière faute et la Reine la commit, aussi bien par sa haine contre Napoléon que par la plus folle étourderie.

L’Empereur, au lendemain d’Austerlitz, avisé de toutes ces