Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 3.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




LE SOURIRE D'ATHÈNA


________




Un jour, je suis allé à Égine et, parmi les ruines du temple d'Aphaïa, sur la terrasse d'où la vue est si belle et charmante, il m'a semblé que l'âme ancienne de la Grèce se révélait à moi. Quelle étonnante épiphanie ! Une joie merveilleuse l'accompagnait.

Or, l'air était adorablement pur, frais et lumineux. Il y avait, dans l'atmosphère, une gaieté qui m'invitait à goûter mieux encore le plaisir d'un mystère qui se dévoile.

Du reste, cette aventure dépendit de quelques hasards ; et je ne prétends pas que le fantôme hellénique ait à Égine son refuge où on le trouve certainement. Plutôt, je le croirais épars en divers lieux ; et j'en avais aperçu des bribes çà et là : ce qui me manquait, je l'ai rencontré à Égine. Ainsi l'on aurait, de place en place, ramassé plusieurs tessons d'un vase peint ; et l'on ne réussissait pas à raccorder ces fragmens : soudain, l'on en découvre un dernier, plus grand et autour duquel les autres s'organisent. L'on a enfin le vase, qui contint un breuvage savoureux.

Peut-être aussi se figure-t-on plus volontiers que l'âme ancienne de la Grèce, éperdue, voyage : elle était à Égine, ce jour-là.

Depuis des semaines, je la cherchais, avec tendresse, avec respect, parfois avec impatience. Elle m'avait plus d'une fois déçu. En quête d'elle, je visitais principalement les sanctuaires. Je m'attendais à l'y voir, et certes non telle que, jadis, jeune, allègre et tumultueuse, elle bondissait par tous les chemins de sa patrie ardente, mais plus triste, plus retirée et plus calme ; elle, du moins, mon désir et mon amour inquiet. Même ainsi, ne l'eussé-je pas reconnue ?…

Hélas ! les sanctuaires de là Grèce, fouillés par les archéo-