Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 3.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en relations forcées avec les Normands, était bien placé pour entamer les pourparlers. Seulement, Dudon appelle l’archevêque d’alors Francon et en cela il se trompe. En 909, l’archevêque de Rouen qui signe Les actes du concile de Trosly se nomme Witton, en français moderne Guy. Il s’agit de savoir s’il est encore là en 911. Flodoard nous apprend que Witton écrivit à l’archevêque de Reims, Hervé, dont l’autorité morale était universellement respectée, pour lui demander conseil sur la manière de traiter les Normands convertis, dont beaucoup avaient des retours de tendresse pour leur ancienne religion. L’archevêque de Reims lui répondit et nous avons sa réponse. Nous savons en outre que l’archevêque Hervé consulta le Pape à ce propos, et nous avons aussi la consultation du Pape. A quelle époque se place cet échange de correspondances ? C’est là toute la question. Le Pape dont il s’agit s’appelle Jean. On a supposé, sans y regarder de très près, que c’est le pape Jean IX, mort en 900. C’est là que gît l’erreur.

On s’est mépris longtemps sur la date précise de la mort de Jean IX. L’Histoire universelle de l’Église de l’abbé Rohrbacher (1865) la place au 30 novembre, suivant l’opinion des anciens bénédictins. Hervé étant devenu archevêque de Reims le 6 juillet de la même année, on pouvait admettre à la rigueur que ce délai de quatre mois et demi suffit pour que Wilton ait eu le temps d’écrire à Hervé, Hervé au Pape, et le Pape à Hervé. Mais il resterait à expliquer que Witton, archevêque de Rouen depuis huit ans au moins, ait eu l’idée dès le premier jour de demander conseil à un archevêque à peine promu, son cadet en dignité et sans doute par l’âge. Tous les contemporains dépeignent Hervé comme jouissant d’un grand crédit, particulièrement en ce qui touche la conduite à tenir vis-à-vis des Normands. Soit. Seulement ce crédit n’a pu lui venir qu’après quelques années de pontificat, il lui a fallu l’acquérir par des services rendus : il ne l’avait pas en montant sur le siège archiépiscopal, puisque c’est précisément son rôle d’archevêque qui le lui a mérité. Du reste, lors de son avènement, la première question qui s’imposait à lui n’était pas celle des Normands, mais celle du châtiment à obtenir contre le meurtrier de son prédécesseur Foulques, assassiné par un vassal du comte de Flandre. Ajoutons que, dans sa lettre à Witton, rien ne fait allusion, à une nomination récente. Remarquons enfin que les cas de