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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Nous voudrions pouvoir nous occuper à loisir du voyage que fait en ce moment M. le Président de la République, car les leçons qui en ressortent sont réconfortantes. De toutes nos entreprises coloniales, aucune n’a mieux réussi que celle qui nous a conduits en Tunisie, et M. Fallières a pu, sans rien exagérer, constater les résultats merveilleux auxquels nous sommes arrivés au bout de trente ans. La Régence, arrachée à la barbarie, a été engagée dans la voie de la civilisation et elle en a parcouru rapidement les étapes. Cette heureuse réussite tient à des causes diverses, dont la principale est que, dès le début, avec une souplesse et une fermeté de direction qui est due à notre premier résident général, M. Paul Cambon, nous avons appliqué en toute vérité et loyauté le système du protectorat et renoncé à celui de l’assimilation plus ou moins directe. M. le Président de la République a continué de s’inspirer, dans son langage, des principes qui ont présidé à l’établissement et au développement de notre protectorat ; les mots de tolérance pour les sentimens religieux, de ménagemens pour les opinions et les intérêts sont revenus sur ses lèvres avec une telle insistance que certains de nos journaux, en y mettant sans doute quelque ironie, ont regretté pour beaucoup de Français qu’ils ne fussent pas Tunisiens. A l’étranger également, nous avons su inspirer confiance. Même les pays qui, au premier abord, n’avaient pas vu notre intervention sans inquiétude reconnaissent aujourd’hui que nous avons travaillé au profit de tous. C’est le cas de l’Italie, par exemple, et nous avons été particulièrement touchés de l’hommage que, avec les autres puissances méditerranéennes, elle a rendu au représentant de la République. Les nuages d’autrefois sont dissipés ; les deux sœurs latines n’ont plus rien qui les divise. Aussi la France a-t-elle applaudi de