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germaniques dont elle passait pour le type accompli, son récent accusateur n’a pas hésité à contester son origine allemande. Il a répondu qu’après tout Frédérique avait par son père du sang normand dans les veines, car les Brion paraissent originaires de Rouen. En ce cas, la proverbiale « légèreté » française aurait assurément quelque part dans les irrégularités de sa conduite ! — Nous nous empresserons de riposter que ces irrégularités n’étant établies par aucune preuve décisive, nous entendons la faire bénéficier de notre doute persistant à cet égard. Aussi bien n’a-t-on jamais nié qu’elle ne fût doucement aimable dans sa jeunesse et discrètement charitable en son âge mûr. Partout elle a laissé les plus sympathiques souvenirs. Qu’elle conserve donc à nos yeux l’auréole de grâce ingénue dont la couronna son immortel amoureux. Et puisque, Française assurément par la nationalité et par le nom, elle le fut aussi par le sang mi-alsacien et mi-normand que lui ont transmis ses ancêtres, réclamons pour notre part d’influence sur sa personnalité composite quelque chose de cette aisance du geste et de cette distinction innée de l’esprit qui rendirent sa brève apparition inoubliable dans la vie du plus expressif des grands esprits allemands.


ERNEST SEILLIERE.