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LA FILLE DU CIEL. 1 1 SCÈNE m LES MÊMES, LA FOULE, puis UN OFFICIER. Depuis quelques instans, la foule, plus turbulente, commence à mur- murer contre le carnage. Devant une nouvelle troupe de condamnés que l’on amène, des cris éclatent. La foule. — Ohl oh! assez! assez! Une voix. — Les ministres de l’Empire sont des bouchers! Un homme, montant sur les épaules de ses voisins. — Assez! assez!... Mort aux tigres!.., Prince-Fidèle, sous la tente, voyant que le général tartare se lève. — Sans doute, c’est mon tour?... Le général tartare. — Non, non. Restez encore, nous serons avertis. Un autre homme, sur la place. — Oui! Mort aux tigres!.., (Il se baisse et trempe le bout de sa ceinture dans le sang.) Et je vais l’écrire, moi, tenez, sur cette muraille : Mort aux tigres! (Il monte sur une pierre et commence, avec le bout de sa ceinture, à tracer des caractères sur un pan de muraille. Le général est sorti de la tente.) Un officier. — Des hommes par ici!... Qu’on disperse cette foule insolente!... Arrêtez celui qui écrit... Le général tartare, s’avançant précipitamment . — Qui donc commande sans mon ordre?... L’officier. — Seigneur, un commencement d’émeute... n’est-ce pas mon devoir?... Le général tartare. — Vous n’avez d’autre devoir que d’obéir... (Il renvoie d’un geste les soldats qui s’étaient avancés pour saisir r homme.) Les bourreaux doivent être las; une seconde fois, que le chef des exécutions leur donne l’ordre de se reposer. L’officier. — Pendant combien de minutes? Le général tartare. — Aussi longtemps que mon sabre restera fixé ici. (Il l’enfonce dans le sol.) Prince-Fidèle, bas au général. — Prenez garde, mon géné- reux ennemi ! Peut-être va-t-on croire que vous avez peur.