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la houle ou du clapotis qui empêchent le débarquement rapide d’une troupe nombreuse, et surtout son rembarquement précipité après un échec. Le passage d’un élément sur l’autre, par mauvais temps, crée un obstacle, un retard en un point des communications. C’est l’infériorité des troupes assaillantes sur celles qu’elles assaillent. On peut l’atténuer. Les marins savent, en répandant de l’huile, apaiser le clapotis. Le plus vraisemblable est qu’on viendra s’emparer d’un petit port, dont les quais seront d’un puissant secours. Chacun des transports japonais avait d’autre part été muni d’un certain nombre de sampans (bateaux plats) de débarquement, contenant 60 à 80 hommes, ou 6 chevaux et 14 hommes. Les mêmes sampans constituaient ensuite des môles de circonstance pour recevoir l’artillerie. A cet effet, ils étaient reliés entre eux et couverts de planchers improvisés.

Il reste dans cette voie des progrès à réaliser pour aménager les transports éventuels et préparer un matériel de plage, mais il suffit de vouloir et d’en faire les frais. Comptons que les Allemands en particulier y appliqueront leur esprit de méthode.

Les manœuvres navales de cette armée donneront une preuve de l’attention qu’on apporte, chez nos voisins de l’Est, à cette question des opérations combinées. Elles assureront, suivant un plan très vaste, la coopération de la flotte et de l’armée de terre. L’étude des conditions et des méthodes de débarquement y jouera, paraît-il, le rôle principal ; et l’Empereur suivra en personne l’exécution de cette partie du programme.

Les remarques précédentes mettent en évidence les chances de succès d’une tentative contre nos provinces de l’Ouest, quand bien même notre ennemi, venant de la mer, devrait prendre pied de vive force sur le littoral.

Une autre hypothèse s’offre à l’esprit : la violation éventuelle de la neutralité belge par une armée allemande, tentant sur le flanc gauche de nos troupes de l’Est un mouvement excentrique. Songe-t-on à la rapidité avec laquelle un corps d’avant-garde, débouchant ainsi de Mons ou de Charleroi, atteindrait nos ports du Nord, du Pas de Calais, de la Somme : Dunkerque, Calais, Boulogne, Étaples, Abbeville, entièrement désarmés contre une attaque de revers ? L’escadre allemande, si nous lui laissions la maîtrise de la mer, n’aurait plus qu’à