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SCÈNE I


LES BOURREAUX, LA FOULE.

Premier bourreau, essuyant son sabre, à deux jeunes femmes qui l’entourent. — C’est que nous avons les bras fatigués, mes petites belles…

Une des femmes. — Ah !… Ils ont pourtant l’air solides, vos bras, monsieur le bourreau.

Le bourreau. — Solides, je ne dis pas. Mais tout de même…

Un marchand de fleurs. — Pivoines impériales, lotus variés, toutes les fleurs de la saison !

Un marchand de fruits. — Doux comme le miel, le fruit rouge des montagnes !

Un enfant tartare, s’approchant du bourreau. — Dites, monsieur le bourreau, il faut frapper fort pour couper ?

(Des hommes, portant un baquet plein d’eau pendu à l’épaule, arrosent le sol avec une grande cuiller de bois.)

Le bourreau. — C’est de l’adresse, mon petit agnelet,… trouver juste la place,... de l’adresse et de la force aussi, bien entendu… Ah ! ça n’est pas en un jour, tu penses, que notre métier s’apprend...

Un marchand de bonbons, frappant sur un petit gong. — Elle a le goût de la canne à sucre, la gourmandise que je vends !

Un marchand de fruits. — Ay ! Ay ! Blanc comme la graisse, blanc comme le jade, le melon frais !

Des mendiants, jouant de la guitare. — Écoutez la légende du roi des Dragons :

(Ils chantent d’une voix suraiguë.)


Auprès du lac des bambous,
Trois hiboux, hiboux, hiboux !


Deuxième bourreau, à d’autres femmes, désignant des gens attachés aux poteaux. — Le deuxième groupe, là ?… Tout à l’heure, son tour. Le maître des exécutions nous accorde un temps de repos, et nous l’avons bien gagné, hein ?…

(Il appelle un marchand de boisson chaude et se fait servir.)

Une mercière, frappant sur un timbre. — Tous les caprices