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REVUES ÉTRANGÈRES

À PROPOS D’UNE NOUVELLE BIOGRAPHIE DE CANOVA


Canova, par VITTORIO MALAMANI, un vol. in-4o, illustré. Milan, librairie Hœpli, 1911.


Tous les visiteurs du musée Brera, à Milan, doivent avoir gardé le souvenir plus ou moins précis d’une grande statue de bronze qui les a accueillis dès leur entrée dans la cour du musée : mais peut-être plus d’un parmi eux, malgré la lettre initiale N et les quatre aigles qui décorent le socle de la statue, ne l’a-t-il regardée que négligemment, sans soupçonner qu’il avait devant soi l’un des portraits les plus authentiques de Napoléon Ier ? Et comment en vérité pourrions-nous, sans l’assistance de notre Bædeker, songer à reconnaître le vainqueur de Rivoli dans cette figure absolument nue d’un jeune héros antique au torse puissant sur de longues jambes d’Apollon Olympien, tenant de l’une de ses mains une petite boule surmontée d’un génie ailé, tandis que son autre main s’appuie indolemment sur une très haute tige qu’on croirait destinée à porter un flambeau ? La tête elle-même, au premier abord, avec l’harmonie toute classique de ses lignes, ne rappelle que d’assez loin les traits que nous avons l’habitude d’admirer dans la plupart des représentations contemporaines de Napoléon ; et c’est seulement après un examen prolongé que nous finissons par y découvrir une ressemblance, pour ainsi dire, plus intime et plus « spirituelle » que dans aucun autre des portraits que nous connaissions, le rayonnement symbolique d’une âme plus profondément pareille à