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absorberont tous les indigènes éminens, quelles que soient leurs opinions, surtout si le gouvernement, accentuant, son libéralisme, admet la suppression du serment d’allégeance à la Couronne, actuellement exigé des élus. Le Congrès National ne sera plus guère qu’un vestibule de la vie publique indienne, que les médiocrités ne pourront pas dépasser.


II

Quand lord Minto et lord Morley ont résolu de faire dans l’Inde un essai prudent du régime parlementaire, préface indispensable de l’évolution vers le self-government, ils ont voulu consolider la domination britannique et préserver pour toujours la colonie des convulsions révolutionnaires. Ils pensaient qu’une concession si importante et si librement consentie mettrait fin aux intrigues nationalistes, en supprimant les causes de cet Indian Unrest dont la presse anglaise et la tribune du Parlement avaient si souvent ému l’opinion des métropolitains. Avec la promulgation de l’Indian Councils Act devaient disparaître les sociétés secrètes, les attentats contre les personnes, les conspirations contre le gouvernement qui énervaient les fonctionnaires anglo-indiens, inquiétaient les colons, surexcitaient les partis d’opposition, rendaient vraisemblables les plus sombres pronostics. Les événemens n’ont pas entièrement confirmé leurs espérances.

Sans doute, les résultats sont déjà importans. Les souverains indigènes, entraînant leurs 75 millions de sujets, font cause commune avec l’Angleterre dans sa lutte contre l’esprit nouveau, ainsi que l’expliqua le maharajah de Kashmir dans sa lettre au Civil and Military News : « … Les princes de l’Inde n’auront aucune sympathie pour les anarchistes et leurs actes. Toutes leurs ressources sont à la disposition du gouvernement pour la guerre contre l’anarchie. » Les Musulmans, définitivement conquis par une organisation qui les protégera contre la suprématie ou les représailles de l’hindouisme, mettent au service de l’autorité britannique leur confiance inébranlable, leur loyalisme militant et les forces d’un parti auquel ne manquent plus les ressources matérielles et l’instinct de conservation. Plusieurs leaders nationalistes, dont le plus notable est Surendranath Banerjee, ont renié les théories et les actes