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LE PROBLÈME POLITIQUE
DANS
L’INDE ANGLAISE
ET DANS
L’INDOCHINE FRANÇAISE

En France, quiconque s’intéresse aux questions coloniales ne manque jamais de citer comme exemple à ses concitoyens l’œuvre des Anglais dans l’Inde. Les Français ne sauront jamais comme eux, nous dit-on, administrer avec 1 200 fonctionnaires et garder avec 250 000 soldats, dont 75 000 Européens, un Empire s’étendant sur plus de 5 millions de kilomètres carrés, peuplé de 315 millions d’habitans répartis en 8 provinces et 692 Etats vassaux, qui parlent plus de cent langues et dialectes, dont les types physiques représentent toutes les variétés de l’espèce humaine, dont les conceptions religieuses ou morales vont des spéculations philosophiques les plus hautes aux cultes grossiers des instincts les plus vils. A distance, l’Inde nous apparaît comme un Empire homogène, où la dure leçon de 1857 a supprimé les désirs d’indépendance, où la domination de la race blanche ne s’exerce que par l’ascendant moral et la sagesse de l’administration.

La réalité n’est pas aussi séduisante. Parfois, quelques incidens comme l’assassinat du colonel Wyllie, l’affaire Savarkar éclatent près de nous, font soupçonner une crise, donnent une