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votre part, à cette occasion, n’eussent-ils pour objet que de la tranquilliser un peu, seront pour moi d’un prix inestimable. J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre tout dévoué et sincère admirateur. HECTOR BERLIOZ. »


Paris, ce 18 septembre.

La réponse d’Alfred de Vigny ne se fit pas attendre. Trois jours après cette première lettre, Berlioz en écrivait une seconde qui était un remerciement, et qui fixe aujourd’hui pour nous la date exacte, on peut dire l’instant, de l’entretien sollicité.


21 septembre.

« Puisque vous êtes assez bon, monsieur, pour nous recevoir, Henriette et moi, un autre jour que le mercredi, nous profiterons de votre obligeance mardi prochain entre une heure et deux. Je vous demande pardon de ne pas préciser davantage le moment de noire visite, mais comme Mlle Smithson habite Vincennes, la longueur du trajet pour arriver au faubourg Saint-Honoré me servira d’excuse. Votre tout dévoué — HECTOR BERLIOZ. »

C’est donc le mardi 24 septembre que Berlioz et sa fiancée vinrent ensemble rendre visite au poète Alfred de Vigny. Le concours de Mme Dorval fut aussitôt acquis. Elle promit de paraître dans le rôle d’Adèle du draine d’Antony. Henriette Smithson devait se produire dans les scènes de la folie du quatrième acte d’Hamlet. Berlioz, pour son compte, apportait la Symphonie fantastique et la Cantate de Sardanapale. Son ami Liszt, qui allait être, dans peu de jours, un de ses deux témoins, se ferait entendre dans le Concertstück de Weber.

Le mercredi 23 octobre 1833, trois semaines après le mariage et un mois avant la représentation à bénéfice, M. et Mme Hector Berlioz inscrivaient sur l’album de la comtesse de Vigny leurs noms d’époux amoureux et heureux. Le compositeur avait retracé, d’une main plus volontaire que fougueuse, la musique et les paroles en vers assonances du CHANT DE BONHEUR, fragment de LE BETOUR A LA VIE (Mélologue) :


<poem> Oh ! mon bonheur ! ma vie ! Mon être tout entier ! mon bien ! mon univers ! Est-il auprès de toi quelque bien que j’envie ? Je te vois, tu souris, les cieux me sont ouverts !