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amis, sur votre Impératrice! Roulez le grand rocher !... Murez-la bien dans son tombeau, la morte vivante !...

(Elle referme sur elle même le battant de la petite porte de bronze. Le chef des soldats, avec quelques hommes qui restent, replacent le rocher, jettent en hâte le ciment et la poussière.)

La voix CHANTANTE DU HÉRAUT TARTARE, avrivp ttu pied de la muraille. — Ordre de l’Empereur ! Respectez ceci: à tous, sans condition, grâce de la vie et de la liberté !... Ouvrez et n’ayez point de crainte !... A tous l'Empereur fait grâce!...

Un DES SOLDATS qui cimentent le rocher. — Trop tard, l’insulte de votre pardon!... Avant que vous ayez enfoncé nos portes, il n’y aura plus ici que des morts!

La voix DU HÉRAUT TARTARE, chantant au dehors. — Ouvrez et n’ayez point de crainte!... A tous, notre Empereur accorde la vie.

Un AUTRE DLs SOLDATS. — Non, pas même des morts pour la recevoir, votre grâce ! Plus rien que des cendres.

Le chef DES SOLDATS, achevant de cimenter le rocher sur la porte du tombeau impérial. — Et notre beau Phénix, faute de pouvoir déployer ses ailes, se sera dérobé à vous sous la terre !...

La voix des soldats, s’ affaiblissant toujours dans la flamme et la fumée. — Dix mille années à la Dynastie Lumineuse !... Dix mille années !

(La flamme et la fumée envahissent tout.)

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Judith Gautier et Pierre Loti.