Avant le lever du rideau, on a entendu des coups de feu sur la scène.
À la tombée de la nuit, l’intérieur de la citadelle impériale de Nang-King
à moitié démantelée par les Tartares. Haute muraille à créneaux, derrière
laquelle on entend sonner des trompes et hurler des soldats qui s’éloignent. Au fond et à gauche, une porte de bronze dont les battans sont
arc-boutés par des madriers, et qui est surmontée d’un donjon noir, à trois
étages de toits cornus. Au milieu de la scène, un bûcher en bois de charpente et en fagots. Au fond et vers la droite, la muraille crénelée se prolonge ; on aperçoit des terrasses et, tout au loin, la silhouette du palais
qui se détache sur le ciel encore jaune du couchant. Du haut de la muraille, au-dessus de la porte, des soldats chinois tirent les derniers coups
de feu contre les assiégeans invisibles.
(Des blessés sanglans gisent çà et là parmi les décombres. L’Impératrice est au milieu de la scène, vêtue en guerrière, casquée, tenant une
arme dans sa main qui saigne, Prince-Fidèle est sur le haut du rempart
avec les soldats. Porte Flèche, blessé à mort, gît à gauche, sur le devant
de la scène.)
Prince-Fidèle, du haut du rempart, arrêtant le feu. — Assez, mes braves amis !... Ne tirez plus sur des fuyards... Gardons la poudre pour l’assaut suprême. (Les sodats cessent de tirer.) Ils s’en vont !... Une fois encore nous voici délivrés !...