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brutale et plus malfaisante que les intempéries du ciel, et, maintes fois, aux imbéciles qui assouvissaient leurs rancunes en abattant des murs et en martelant des emblèmes, il dut être tenté de répéter la belle maxime d’Euripide : « La mort finit toutes nos disputes. Est il rien chez les mortels de plus fort que la mort ? Si vous frappez de votre épée le marbre des tombeaux, sentira-t-il la blessure ? Et comment les morts ne seraient-ils pas à l’abri des outrages puisqu’ils sont insensibles. » Enfin pour lui, la France ne fut jamais une simple expression de géographie. Il écrivait un jour à Mme de la Rochejaquelein : « Êtes-vous de ces cœurs français qui souffrent de la perte de la bataille de Poitiers ? Moi, j’en suis ; et cela m’empêche d’avoir, en lisant Froissart, une bonne partie de la satisfaction littéraire qu’un académicien devrait éprouver. Est-ce faiblesse ou bon sentiment ? Je connais des gens très estimables absolument dépourvus de patriotisme, et, comme on dit maintenant, de chauvinisme. » Il n’était pas du nombre de ces « gens très estimables. » C’est pourquoi il a mis tant de zèle et tant de passion à défendre les monumens, témoins des gloires et des épreuves de son pays.

André Hallays.