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MÉRIMÉE


INSPECTEUR DES MONUMENTS HISTORIQUES[1]


Ce fut au mois d’avril 1834 que Mérimée devint inspecteur des monumens historiques.

Il avait trente et un ans, était déjà célèbre dans les lettres comme dans le monde, et passait pour un très mauvais sujet.

Il avait débuté, neuf années auparavant, par deux jolies mystifications : pour publier son premier livre il avait pris le masque d’une comédienne espagnole, Clara Gazul ; pour publier le second, le masque d’un barde illyrien, Hyacinthe Maglanoviteh. Ni le théâtre de Clara Gazul, ni la Guzla n’avaient attiré tout d’abord l’attention du public. La Jacquerie et la Famille de Carvajal n’eurent pas un succès beaucoup meilleur. Mais, dans l’espace de deux années, 1829-1830, Mérimée publia un roman, la Chronique de Charles IX ; des nouvelles, d’admirables nouvelles : Mateo Falcone, la Vision de Charles XI, l’Enlèvement de la redoute, Tamango, Federigo, la Perle de Tolède, le Vase Étrusque, la Partie de trictrac ; des proverbes, l’Occasion, le Carrosse du Saint-Sacrement, les Mécontens ; et enfin des Lettres d’Espagne. La Double méprise avait paru en 1833,

  1. J’ai consulté pour cette étude, outre les ouvrages et les diverses correspondances de Mérimée : Augustin Filon, Mérimée et ses amis ; Mérimée ; — Maurice Tourneux, Prosper Mérimée, comédienne espagnole et chanteur illyrien ; — Lucien Pinvert, Sur Mérimée, notes bibliographiques et critiques ; — F. Chambon, Notes sur Mérimée ; — Du Sommerard, les Monumens historiques de France à l’Exposition universelle de Vienne ; — Lettres inédites de Viollet-le-Duc.