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permis au général Booth de soulever des montagnes d’obstacles et de préjugés, et de se procurer des millions de livres sterling pour améliorer le sort des parias de l’humanité. On peut critiquer certaines de ses méthodes et on ne s’en est pas fait faute surtout dans le monde protestant ; mais ce qu’on ne saurait refuser à sa personne, c’est l’hommage de respect, que mérite toute une vie consacrée à l’amélioration physique et morale de ses semblables, sans distinction de race, de confession ou de condition sociale.

Lorsque, il y a six ans, Edouard VII eut donné audience au général Booth qui était venu l’entretenir de ses projets de colonisation ouvrière au Canada, il lui adressa ces paroles : « Vous faites une grande œuvre, général Booth, et j’en regarde le succès comme de grande importance pour mon empire. » Ce témoignage d’un roi, qui était un fin connaisseur d’hommes, a été confirmé, après sa mort, par la reine Alexandra, lorsqu’elle permit à l’orchestre de l’Armée du Salut, et à lui seul, de jouer sous les fenêtres du palais de Buckingham les airs favoris de son époux défunt.

Pour moi, je m’approprierais volontiers les paroles, que prononçait naguère M. Théodore Roosevelt en l’honneur de J. Wesley, pour caractériser l’œuvre créée par M. et Mme W. Booth : « Si nous devons progresser en humanité, en bienveillance et en fraternité, du même pas que nous avançons dans la conquête des forces de la nature, ce sera à condition de transformer notre force en vertu et notre vertu en force, à condition de former des hommes qui soient à la fois bons et vaillans, qui aient le courage et la force de lutter pour la vérité et la justice. Il ne faut pas que les qualités viriles soient exclusivement au service du mal. »


GASTON BONET-MAURY.