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Quelque temps après, une lettrée, miss Charles Worth, parvenait même à y intéresser les étudians d’Upsal.

En même temps, le « commissaire » Coomber le portait au Canada, où il a pris un grand essor et contribué à la fondation de colonies agricoles pour les prolétaires anglais émigrés.

Suisse. — Encouragée par les succès personnels qu’elle avait obtenus à Paris, la jeune maréchale Booth entra en campagne dans la Suisse romande (1883) ; mais là, elle se heurta à cette même hostilité de la population ouvrière et rurale, qui avait déjà accueilli les gens du Réveil de 1825-30, sous le nom de « mômiers. » A Neuchâtel, par exemple, miss Booth ayant cru devoir convoquer dans les bois des environs une réunion salutiste, malgré un arrêté du gouvernement, elle fut arrêtée et jetée en prison. Après une captivité assez douce de plusieurs semaines, elle comparut devant le tribunal de Boudry qui, après son éloquent plaidoyer pour la liberté religieuse, l’acquitta.

La conquête des Pays-Bas commença en 1884 : la pénétration y fut plus lente qu’en Angleterre, mais irrésistible. Des corps furent établis à Amsterdam, Utrecht, etc., tandis que la campagne en Belgique eut peu de succès, malgré des dépenses énormes.

La propagande salutiste en Allemagne fut entamée, en prenant Kiel comme point de départ ; de là, favorisée par l’esprit de discipline inné chez le Prussien, elle a gagné Berlin, où le général Booth faisait une entrée triomphale en 1891.

Amérique du Sud. — Malgré la résistance qu’il avait rencontrée dans les pays latins et catholiques[1], le général Booth, convaincu que sa méthode de sauvetage moral est applicable à tous les hommes, sans distinction de race, a entrepris la conquête des républiques espagnoles de l’Amérique du Sud. Elle a planté son drapeau, en 1889, à Buenos-Ayres, capitale de l’Argentine et a, maintenant, trente et un postes d’évangélisation, dans ce pays, dans l’Uruguay, le Paraguay, le Chili et le Pérou.

Elle a, en outre, établi un « Home du travail » pour les sans-emploi, deux bureaux de travail et trois « Asiles de nuit. » L’œuvre dans ces pays est dirigée par le commissaire et par Mme Cosandey, qui a longtemps travaillé en France, assistée de

  1. Le salutisme a échoué dans ses tentatives d’établissement en Autriche et en Espagne.