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Si l’on songe que chaque pays, chaque territoire, chaque division, chaque corps a une administration pareille à celle de la Grande-Bretagne, que le capitaine de chaque corps doit rendre compte de ses recettes et de ses dépenses chaque mois à son quartier général, on ne peut refuser au général Booth la qualité d’être un « homme d’affaires » de premier ordre. Mais ce sentiment sera doublé d’estime quand on saura que lui-même n’a jamais touché un penny de ces fonds considérables affectés exclusivement à l’entretien de son œuvre.


III. — ACTIVITÉ DE L’ARMÉE DU SALUT

Après avoir étudié le principe et l’organisation de l’Armée du Salut, voyons comment elle fonctionne. Son action s’exerce en deux sens : sur l’état moral et religieux et sur l’état social ; elle fait de la cure d’âmes et, en même temps, elle s’efforce de soulager les misères physiques et matérielles. Et ces deux tâches, dans la pensée du général Booth, sont inséparables. Le péché, le mal moral, dit-il, est une rébellion contre la loi divine et produit la pauvreté, le labeur pénible, la souffrance, la cruauté, les guerres, la mort et la damnation. Il ne suffit pas de porter secours à ces misères, il faut remonter à la source, pour la tarir, si possible.

1. Cure d’âmes. — L’objet capital de l’Armée est de sauver les âmes, captives du diable et qui périssent. Pour atteindre ce but, il faut faire une guerre sans trêve et sans merci, au vice et aux mauvaises passions sous toutes leurs formes. De là le nom de « champ de bataille » donné aux postes d’évangélisation établis dans les quartiers populaires, et jusque dans les bas-fonds des grandes villes. Officiers et soldats mènent à l’envi ce bon combat. L’officier en campagne, d’après le Règlement, doit consacrer chaque semaine un temps fixé à lire, à réfléchir et à prier, en vue des âmes à sauver. Or Dieu, dans sa miséricorde, a pourvu au salut de ces âmes. Ici le général Booth se sépare de Calvin, de Ch. Finney et de la plupart des prédicateurs de Réveil, qui nient le libre arbitre et attribuent le salut exclusivement à la grâce. Il admet, bien plus, il déclare nécessaire le concours de la volonté humaine avec la grâce divine. « Cette délivrance, dit-il, ne saurait être effectuée que d’accord avec la libre action du pécheur. Si désireux que soit Dieu de mettre fin au mal et