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Mais je n’ai point encore amené le hasard
Qui livrerait le nœud d’accord et de concorde,
Comme un musicien sait l’endroit de la corde
Qui produit en vibrant tout un son dont les flots
Grandissent et qu’il suit jusque dans leurs échos.
J’ai, ce matin, tenu cette pierre exposée
Au premier des rayons qui changent la rosée
En joyaux presque aussi beaux qu’elle, et maintenant
Le trait d’ombre fait suite au style du cadran ;
Je n’ai point détaché ni relâché ma vue
D’épier cet éclair de rencontre perdue
Au milieu de milliers, de millions d’aspects !

GLINIS


Sois sûr qu’à ta constance iront tous les respects !
Et le mien le premier mènera le cortège !
Mais tu devras prier qu’Esculape protège
Tes regards coutumiers d’un tout autre travail !
Tu vas — Vénus t’en garde ! — en obscurcir l’émail,
En ternir la fraîcheur, en flétrir la caresse,
En alourdir le jeu, la grâce et la souplesse ;
Et que diront alors celles dont les beaux yeux
Ne sont jamais si beaux qu’en se fixant sur eux ?

CALLICLÈS


Oui ! de l’effort terrible auquel je le consacre
Mon regard s’éblouit : des flottemens de nacrer
Des poudroîmens d’argent et d’or et de saphir,
Qui viennent l’un dans l’autre éclater et mourir,
Des apparitions pâles d’aigues-marines,
Des gouttes de grenats, des grains de cornalines,
Des ruissellemens clairs, variables, subtils
De rubis, de lapis et de chrysobérils,
L’onde des périgots épandue à pleins vases,
Les brésillemens brefs et les feux des topazes,
Se compliquant l’un l’autre en reflets transparens,
A la même seconde unis et différens,
Pressés, multipliés, croisés par myriades,