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GLINIS


Ma pensée à te suivre a perdu sa sandale.

CALLICLÈS


Je cherche à découvrir le secret de l’opale !

GLINIS


Par les Dieux !

CALLICLÈS


Oui, je veux trouver comment, pourquoi
L’énigmatique pierre entretient son émoi,
Ce qui la fait briller, muer, pâlir, s’éteindre
Mille fois à la fois ! Oui ! j’ai juré d’atteindre,
Sous ce monde d’éclats, le germe initial,
Le central, le suprême et l’intime cristal,
Le cœur mystérieux qui supplée et gouverne,
Qui tantôt illumine et qui tantôt consterne
Sa vie infiniment et toujours en travail,
Ce qui fait une chair de son lucide émail !
Je veux savoir où vont ses reflets, vers quelle ombre !
Je veux fixer le point où ses réseaux sans nombre
Superposés, confus, mêlés, entre-croisés,
Apparaissent en un. système organisés !
Je veux la pénétrer ! — J’en ai cassé plus d’une,
J’ai vu sous mes marteaux le bris d’une fortune !
En vain ! car je n’ai rien découvert jusqu’ici,
Leurs fragmens sont muets, et je n’ai réussi
Qu’à rompre des faisceaux merveilleux de nuances,
Et dans leurs débris morts mouraient mes espérances !
J’en ai jeté parfois aux pilons des mortiers,
Ou, cherchant par ailleurs, durant des jours entiers,
Croyant toujours trouver la minute opportune,
Dans des rais de soleil et dans des rais de lune,
J’en ai tourné, j’en ai roulé sous mon regard.