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POÉSIE

LE SECRET DE L’OPALE

Une petite place dans une petite ville grecque. Debout dans la brûlante lumière, un jeune homme est occupé à examiner un objet brillant qu’il tient à la main. Il est vêtu de façon riche et efféminée. Il porte une longue tunique ionique à manches, en soie d’un mauve très pâle, retenue par une ceinture dorée. Il a, par-dessus, un manteau d’une étoffe légère et souple, couleur de jeune olive, bordé d’une broderie d’aspect oriental où des dessins entre-croisés mêlent leurs lignes et leurs coloris en une richesse compliquée dont l’effet est cependant apaisé. Il est chaussé de sandales brodées, retenues par des bandelettes de soie de la même nuance que le manteau. Ses cheveux noirs, longs et bouclés, sont arrangés avec un soin manifeste.

Tandis qu’il est ainsi absorbé, une jeune femme arrive sous le portique ensoleillé, vêtue d’un chiton d’étoffe légère, à mille plis, nuance safran, et d’une écharpe d’un rose vif. Ses bras sont nus et très beaux. Elle aperçoit le jeune homme et s’arrête, à moitié cachée par une colonne, à le considérer d’un air moqueur. Il ne voit rien. Après un instant, elle sort du portique et s’avance de quelques pas vers lui.


GLINIS


Qu’as-tu donc à tourner cette bague en tes doigts ?
J’ai passé par ici, ce matin, plusieurs fois,

[1]

  1. Auguste Angellier, dont nous déplorons la perte douloureusement prématurée, avait, avant de mourir, préparé la publication d'une nouvelle série de Dans la lumière antique. Le volume va prochainement paraître à la librairie Hachette. Nous en détachons un fragment en souvenir du poète qui le destinait à la Revue.