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on spécifie qu’il est allé à Mons afin de se concerter avec le duc et la duchesse d’Havre sur l’exécution de leur complot. On lui reproche de leur avoir prodigué, dans sa correspondance, « les dénominations féodales et contre-révolutionnaires de duc et duchesse, » en se faisant gloire d’être leur intendant. Mais, ce qu’on incrimine surtout, c’est le masque de patriotisme dont il s’est couvert, et l’audace qu’il a eue de prétendre à la confiance du Tribunal en y exerçant des fonctions. Le terrible châtiment qui l’attend servira de leçon à ceux qui oseraient l’imiter.

Christophe Gardie, agent de Magon de la Blinaye, n’est pas davantage épargné. On rappelle qu’au cours de la perquisition opérée chez son patron, il a voulu détruire des pièces à conviction dont les débris conservés prouvent qu’il correspondait avec des conspirateurs réfugiés en Angleterre.

Tels sont les faits sur lesquels se fonde Fouquier-Tinville pour établir que les accusés « sont les auteurs de la conspiration dite de Bretagne, de la guerre de Vendée et du fédéralisme, » et qu’ils ont assuré « des succès éphémères aux perfidies et aux trahisons des lâches tyrans coalisés contre le peuple français. » Dans le même acte d’accusation, se lisent les noms du marquis et de la marquise de Saint-Pern-Magon, de leur fille Mme de Cornulier et du mari de celle-ci. A propos du marquis de Saint-Pern-Magon, il y a lieu de rappeler qu’il était au même moment incarcéré à Saint-Malo, mais qu’on l’ignorait, et que c’est son fils, alors âgé de dix-sept ans, qui comparaissait à sa place, sans que l’acte d’accusation mentionnât cette circonstance qui allait rendre le jugement final plus odieux encore. La teneur de cet acte prouve bien en effet que c’est le père, et non le fils, qui était incriminé. « Saint-Pern et sa femme, y est-il dit, étaient aussi les chefs du pian de contre-révolution que toute cette famille suivait avec tant de perfidie et de scélératesse » Le marquis est en outre accusé d’avoir été à Paris, à Saint-Malo et à Rennes « l’agent et le complice des assassinats de Capet envers le peuple dans la journée du dix août. » Pour anéantir les traces de ses complots, il a, de concert avec sa femme, détruit ses correspondances. « Mais ils ne peuvent échapper à la conviction qui s’établit contre eux de toutes les manières. Cornulier et sa femme était aussi complice de la conspiration Magon et l’un des assassins du peuple dans la journée du Dix-Août. » La rédaction défectueuse de cette dernière phrase prouve avec