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LA CONSPIRATION MAGON
RÉCIT DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES

II[1]
LE MASSACRE DES INNOCENS


I

Tandis qu’à Paris, le terrorisme sévissait avec fureur, à Saint-Malo et à Saint-Servan, il ne désarmait pas plus que dans le reste de la France. L’arrivée du conventionnel Le Carpentier dans la cité malouine allait imprimer à la Terreur une impulsion plus active et envoyer au tribunal révolutionnaire de nombreuses victimes, choisies parmi tant d’innocens arbitrairement arrêtés.

Il convient de s’arrêter un moment autour de ce personnage et de l’étudier dans ses origines comme dans la marche ascendante qui, du très humble milieu où il était né, le porta sur les bancs de la Convention et l’y fit siéger parmi les plus violens de ses membres. Cette étude est nécessaire, non pas seulement parce que l’homme qui en est l’objet contribua aux malheurs de la famille Magon, mais aussi parce qu’en sa personne apparaît la mentalité de la plupart de ses pareils et qu’il représente au plus haut degré le type connu des grands terroristes.

Son berceau est une chaumière de cultivateurs dans la petite bourgade d’Helleville, voisine de Cherbourg, presque un

  1. Voyez la Revue du 15 mars 1911.