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l’établissement de Cours locales de cassation est envisagé. Avant de s’embarquer, sir Wilfrid Laurier s’était prononcé contre l’idée d’un Conseil impérial. Et le secrétariat permanent des conférences périodiques, dont on décide l’organisation, ne saurait être comparé, au point de vue de l’importance politique et du prestige moral, à la formule rêvée par les apôtres du fédéralisme. Quelques mois plus tard, en novembre 1907, la discussion du traité de commerce franco-canadien réveille les polémiques. Le Canada a acquis, sinon en droit, du moins en fait, la pleine souveraineté diplomatique ; il négocie directement d’Etat à Etat, sur le pied de la parfaite égalité. Ses deux représentans, Filon. W. S. Fielding et l’Hon. L. P. Brodeur, n’ont-ils pas signé le parchemin du 18 septembre 1907 ? J’entends bien que le paraphe de sir Francis Bertie figure à côté du leur. Les ambassadeurs anglais maintiennent leur contrôle historique et restent les intermédiaires officiels. Il n’en est pas moins certain que la faculté pour le Dominion d’être représenté par des plénipotentiaires canadiens, posée pour la première fois en 1866 (Sessional Papers of Canada, n° 63, 1867-1868) est devenue une habitude et un droit. Et lorsqu’en 1909, une loi adoptée à l’unanimité par le parlement d’Ottawa décide la création d’un bureau spécial des Affaires étrangères, confiée à M. Joseph Pope, un nouveau pas est accompli. Ce n’est pas l’indépendance, mais à la tutelle politique succède la coopération diplomatique. L’émancipation continue.

En abordant le problème de la contribution des colonies à la défense maritime de l’Empire, la Conférence de 1907 imprima au nationalisme franco-canadien une impulsion nouvelle. Quand le docteur Smartt proposa, le 9 mai, de décider que cette contribution était un devoir, sir Wilfrid Laurier, fidèle à l’engagement pris le 28 mars, devant les Communes canadiennes, refusa de s’associer à cette motion. « Nous ne nous laisserons pas entraîner dans le tourbillon du militarisme européen. » Mais la question est posée. Il faut la résoudre pratiquement. Il est impossible de rester sur le terrain des principes.


Après une année occupée par les élections générales et par les fêtes du tricentenaire de Québec, quelques mois avant la réunion de la Conférence de défense impériale, le 29 mars 1909, sir Wilfrid Laurier demande au Parlement d’Ottawa de se