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permanente entre les mains de la Banque a varié entre un demi et un milliard à peu près. Ce mouvement de 270 milliards s’est réparti sur plus de 100 000 comptes ouverts à Paris, dans les succursales et dans les bureaux auxiliaires.

On s’est souvent demandé pourquoi les chambres de compensation, qui ont pris, sur certaines places étrangères, un développement si remarquable, ont relativement moins d’importance chez nous. La réponse à cette question se trouve dans les comptes rendus de la Banque de France, qui nous montrent quelle quantité d’opérations se règlent à ses guichets et sur ses livres. Les 500 sièges répartis sur toute la surface de la France mettent, à la portée des habitans des plus petites localités, les facilités que donnent ces paiemens effectués par simples écritures. A Paris, tous ceux qui de près ou de loin touchent au mouvement des affaires savent qu’un bureau spécial de la Banque est affecté à ce service et que l’émission journalière des mandats qu’on appelle rouges, à cause de la couleur du papier sur lequel ils sont établis, représente le règlement d’opérations nombreuses, effectué avec une simplicité et une rapidité qu’aucun mouvement d’espèces ni de billets ne saurait égaler. Tous les établissemens, toutes les maisons de commerce, tous les particuliers qui ont un compte ouvert à la Banque, sont, de ce chef, dispensés de l’obligation de conserver dans leurs caisses une somme importante d’espèces : une ligne d’écriture et leur signature apposée au bas d’un mandat leur permettent de régler instantanément les paiemens de n’importe quel montant. Il y a là quelque chose de supérieur au billet de banque, quelque chose qui frappe moins directement les esprits, mais qui, pour l’observateur attentif et réfléchi, représente un progrès énorme sur tous les autres modes de paiement. A mesure que la Banque de France multiplie ses sièges et couvre le pays d’un réseau de succursales et de bureaux de plus en plus serré, elle atteint des couches de plus en plus profondes de la population et augmente le nombre de ceux qui, grâce à elle, sur tout le territoire, peuvent encaisser leurs créances et acquitter leurs dettes sans bourse délier. C’est un des domaines sur lesquels il y a place pour des progrès encore considérables : il s’en réalise tous les jours, grâce à l’organisation de la Banque et à la connaissance qui se répand peu à peu dans le pays des services qui peuvent lui être demandés. Le public français est plus réfractaire que