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ce stock des billets qui circulent à l’égal de ceux qui sont gagés par les monnaies d’or, et en unifiant ainsi la circulation fiduciaire, contribue à aplanir les difficultés qui pourraient être à craindre par suite de la présence d’une aussi forte quantité de métal déprécié dans notre circulation métallique.

Cette complication n’est pas la seule. Notre stock monétaire ne comprend pas uniquement des écus français ; il se compose aussi d’écus étrangers, suisses, belges, italiens, grecs, c’est-à-dire des puissances de l’Union latine, qui, en vertu des traités, sont admis dans chacun des États contractans. Cette circulation est particulièrement développée en France, parce que, grâce à notre stock d’or, à notre richesse, à la position presque toujours favorable de nos changes, nous avons plus de facilité que d’autres à maintenir la parité des pièces d’argent avec les monnaies d’or : nous rendons ainsi un service considérable à nos associés, qui seraient obligés de rapatrier leurs écus le jour où ceux-ci cesseraient d’avoir force libératoire à l’intérieur de nos frontières. La Banque de France, tout en agissant dans l’espèce pour le compte du gouvernement, puisque c’est à ce dernier qu’appartient la police monétaire, aide puissamment à son action en recevant indistinctement toutes les monnaies qui ont cours légal. Par convention du 31 octobre 1896, elle s’est engagée, en cas de dénonciation de l’Union latine, à n’exiger du Trésor, pendant cinq ans, le remboursement des pièces étrangères qu’elle aurait en caisse, qu’au fur et à mesure que le montant en serait remboursé à la France, conformément à la clause dite de liquidation.

La Banque ne facilite pas seulement les échanges en créant et en entretenant une circulation de plus de 5 milliards de billets, qui remplacent avantageusement les espèces métalliques, plus encombrantes, plus dispendieuses à déplacer, et dont la vérification, lors de chaque paiement, entraîne des délais et des frais notables, mais elle fournit au public un autre moyen, bien plus, rapide encore, plus simple et moins coûteux, de régler ses transactions. Nous voulons parler des viremens et des transferts qu’elle met tous ses cliens à même d’effectuer entre eux. C’est ainsi qu’au cours de l’année 1910, il lui a été versé au crédit des comptes courans et des comptes de dépôts de fonds 135 milliards de francs et qu’une somme à peu près égale a été prélevée au débit des mêmes comptes. Le solde restant d’une façon