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actions baissait en proportion. La cote actuelle d’environ 4 000 francs représente une chute de plus des deux cinquièmes par rapport à celle de 6 800 francs qui a été enregistrée il y a trente ans, en 1881. Néanmoins ; en dépit de cette stagnation du dividende, le nombre des actionnaires a augmenté, au cours des quinze dernières années, d’un septième environ : il a passé de 28 000 à plus de 32 000, c’est-à-dire que le titre n’a cessé d’entrer dans le portefeuille des petits capitalistes : sur ce terrain comme sur beaucoup d’autres, contrairement à certains lieux communs qui se répètent tous les jours, nous assistons en France à une division et non pas à une concentration de la fortune.

D’une façon générale, on peut dire que l’effort ininterrompu de la Banque de France tend vers la diffusion du crédit, qu’elle met à la portée des plus petits commerçans et industriels, alors que son rôle vis-à-vis des grands établissemens financiers et des maisons particulières, dont l’ensemble constitue ce qu’on appelle parfois la haute banque, est beaucoup moins important qu’autrefois. Le développement remarquable des sociétés dites de crédit est un phénomène relativement récent chez nous : il a transformé les conditions du marché de l’escompte. Aujourd’hui, le portefeuille de traites des autres sociétés dépasse plusieurs fois celui de la Banque, alors qu’il y a une trentaine d’années la proportion était inverse. Ainsi, au 31 décembre 1881, le total des effets escomptés par le Crédit Lyonnais, le Comptoir d’Escompte, la Société Générale et le Crédit industriel était de 451 millions, tandis que la moyenne du portefeuille de la Banque de France, au cours de la même année, avait été de 1 167 millions de francs. En 1906, cette moyenne était tombée à 898 millions, tandis que les quatre sociétés susdites, en fin d’exercice, accusaient un portefeuille de 2 488 millions, presque triple de celui de la Banque, alors que vingt-cinq ans auparavant elles n’atteignaient qu’aux deux cinquièmes de ce chiffre. Le papier qui représente les grandes transactions industrielles, commerciales et financières, trouve presque constamment preneur à des conditions plus favorables que le taux officiel d’escompte de la Banque, si modéré qu’il soit ; celle-ci reçoit surtout les petits effets, peu recherchés par les banques particulières, à cause du travail considérable qu’en exigent la manipulation et l’encaissement. La moyenne des effets escomptés par elle en 1830 était de 2 246 francs, à une échéance moyenne de