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LA FILLE DU CIEL. Prince-Ailé. — Je veillerai à tout, ne me fiant qu’à moi- même. Prince-Fidèle. — Et nous savons tout le prix de votre vigi- lance... • ’ (Un des officiers, qui était parti lout à l’iieure sur un âigne de l’Impé- ratrice, arrive en hâte.) L’oFFiciEH. — Les cavaliers sont rentrés... On les a vus, les deux fuyards, l’homme et son complice ; ils avaient des chevaux qui dévoraient l’espace... Un de ces navires rapides, comme en ont les barbares d’Occident, attendait au bord du fleuve ; il les emporte à cette heure, avec la vitesse de la foudre. Toute pour- suite serait vaine. L’Impératrice. — Je m’y attendais... Lui, se laisser reprendre comme un fuyard vulgaire!... Non! Je savais qu’il emporterait avec lui le mystère qu’il lui a plu de garder. Prince-Fidèle, à V Impératrice. — Majesté, l’heure est venue, l’heure presse... L’Impératrice. — Oui, je suis prête... Rien qu’un instant, une suprême minute encore. {Elle conduit le petit Empereur jusqu’au trône, où elle le fait asseoir.) Laissez-moi rendre au Fils du Ciel l’hommage qui lui est dû. (Elle s’agenouille. )Qu.eotTe vie soit heureuse et longue ! Votre règne paisible et prospère. (Elle s’incline trois fois.) Que votre dynastie dure éternelle- ment. (Les hommes et les femmes se sont prosternés.) L’Enfant, qui retient ses larmes. — J’ai promis de ne pas pleurer. L’Impératrice. — Puissent le triomphe et la gloire vous rame- ner ici bientôt. (Elle se relève. L’enfant descend du trône, s’approche de l’Impératrice et s’agenouille à son tour.) L’enfant. — Dis, mère, ce n’est pas pour longtemps que je m’en vais?... L’Impératbice, se ’penchant vers son fils pour C embrasser désespérément. — Non, mon bien-aimé, non... Pour peu de jours, s’il plaît à nos Dieux que j’implore !... Aie du courage, chère petite fleuri... ( Aux femmes . ) Allez, maintenant. (Les femmes entraînent le petit Empereur. Il sort, les regards toujours fixés sur sa mère.)