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LA FILLE DU CIEL. 549 bêtes mangeuses de cadavres; pour sépulture, le ventre des corbeaux et des chiens! Faites! (Prince-Fidèle fait un signe, on relève les condamnés.) " ESPION. — Nous avions joué notre vie, nous avons perdu, nous acceptons la mort. ^ ESPION. — Nous serons promptement vengés par l’armée formidable qui marche contre vous et sera demain sous vos murs. Tous. — A mort! à mort! (On entraîne les condamnés.) SCÈNE XII LES MÊMES, moins LES ESPIONS, PORTE-FLÈCHE ET LES GARDES. L’hiPÉPiATRicE, à V enfant. — mon bien-aimé! vous, qui portez le doux nom de Fils du Printemps, j’ai donc failli vous perdre?... L’enfant. — Dis : on va faire mourir ces hommes? L’Impératrice. — C’est la moindre punition qu’ait mérité leur crime. L’enfant. — Non, c’est trop, puisqu’ils ne m’ont pas tué. L’Impératrice. — Mais ils voulaient votre mort : la peine est trop douce. Et, voyez, je leur ai pourtant épargné la tor- ture... Maintenant, je n’oserai plus m’éloigner de vous; non, même pour une minute, ô mon diamant sans prix, vous ne serez plus jamais hors de ma vue. Prince-Fidèle. — ma souveraine ! Qu’il me coûte d’être contraint de déchirer votre cœur en vous indiquant ce que nous croyons être votre cruel devoir, nous dont Votre Majesté daigne écouter les conseils. Depuis bien des jours, nous avions résolu de parler, et nous reculions devant cette pénible tâche. Mais aujourd’hui, l’heure est trop grave... L’Impératrice. — Oh! qu’allez-vous dire? (Elle descend du trône.) Prince-Fidèle. — Hélas! mes paroles vont être comme la bise de neige qui en automne fait tomber les fleurs.