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L’ESPRIT DE LA NOUVELLE SORBONNE.

choses l’enseignement secondaire, c’est précisément cela qu’ils ne pourront pas donner. Le moyen est séduisant, mais il ne vaut rien ; il ne satisferait que les convenances des professeurs de la Sorbonne ; il ne satisferait point, il sacrifierait tous les besoins des populations scolaires. Ni la licence, ni l’agrégation ne peuvent devenir examens d’enseignement supérieur ; ils doivent demeurer examens supérieurs d’enseignement secondaire. Et par conséquent la Sorbonne doit être établissement supérieur d’enseignement secondaire, — et Agathon a raison.

— Mais ne doit-elle pas être aussi établissement d’enseignement supérieur ?

— Évidemment ; car qui le serait ? Et il faut bien que l’enseignement supérieur soit donné quelque part. Quoi donc alors ?

Mais c’est très simple ; ce ne paraît compliqué que parce qu’il y a à la Sorbonne un enchevêtrement énorme ; mais c’est très simple, l’écheveau débrouillé. On fait de tout à la Sorbonne, et je ne m’y oppose nullement ; mais on le fait pêle-mêle, et c’est à cela que je m’oppose. On y fait de l’enseignement primaire, de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur. On y fait de l’enseignement primaire ; on y enseigne à de jeunes Polynésiens le sens des mois français et la syntaxe de quelque que, et cela les mène à l’obtention du certificat d’études françaises. On y fait de l’enseignement supérieur, et cela dirige du côté du doctorat des jeunes gens qui du reste ne sont pas encore agrégés. Je veux bien qu’on y fasse tout cela ; mais sans le faire en méli-mélo.

Voyez donc cette méthode. Un jeune homme sort, de rhétorique supérieure. On lui fait redoubler la rhétorique supérieure, — et l’on a raison et l’on n’a pas autre chose à faire, — pour le mener à la licence. Il est reçu licencié. Alors on le met en plein enseignement supérieur, méthodologie, bibliographie, critique des textes, pour lui faire faire son mémoire de seconde année qui lui vaudra le diplôme d’études. Ce mémoire est une thèse de doctorat, tout au moins de doctorat d’université. L’étudiant met un an à le faire et, pendant cette année, ne fait absolument pas autre chose et n’a pas le temps de faire autre chose. Et c’est après cette année d’enseignement supérieur et très supérieur, qu’on le ramène à l’enseignement secondaire pour le préparer à l’agrégation. Cela m’a toujours paru très