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Léon X et sous Clément VII, la Renaissance poursuit sa route triomphale et atteint à l’apogée de sa splendeur. Brusquement le sac de Rome, en 1527, va tout détruire. De l’admirable école formée autour de Raphaël il ne restera plus rien : une journée a suffi pour anéantir le fruit de tout un siècle d’efforts. La fin du pontificat de Clément VII et le pontificat de Paul III furent des périodes d’attente, de réparation, un compromis entre l’art qui allait disparaître et celui qui se préparait. C’est Paul IV qui crée l’âge nouveau et qui vraiment, après le paganisme de la Renaissance, inaugure une ère chrétienne.

Il n’y eut pas à la fin de cet art une démarcation aussi profonde que lors de son apparition. Des trois caractères qui le constituent, christianisme, force, tristesse, les deux premiers persisteront pendant tout le cours du XVIIe siècle : seul le caractère de tristesse va disparaître et c’est de cette disparition que nous ferons commencer la date d’un style nouveau, du style du XVIIe siècle, auquel nous croyons devoir réserver le nom de style Baroque, plutôt que d’embrasser sous ce nom, comme on le fait parfois, non seulement l’art du XVIIe siècle, mais toute cette période de la fin du XVIe siècle à laquelle nous donnons le nom de Contre-Réforme. Cette subdivision correspond à des caractères trop essentiels pour n’être pas justifiée.

Au début du XVIIe siècle, c’est la Papauté triomphante qui succédera à la Papauté militante. L’hérésie protestante est refoulée définitivement vers les pays du Nord, la tranquillité pour de longs siècles est assurée par le protectorat de la Maison d’Autriche, et, tous les nuages de tristesse disparus de l’horizon, l’Italie voit renaître dans son âme ces fleurs de joie que, chez elle, le moindre rayon de soleil suffit à faire éclore.

Après avoir exposé les caractères généraux de la Contre-Réforme, après avoir dit quand elle commence et quand elle finit, nous étudierons rapidement les grandes œuvres qu’elle a créées, en architecture, en sculpture et en peinture, et nous montrerons comment les mêmes causes firent naître à ce moment les mêmes formes d’art en Italie et en France.


I. — L’ARCHITECTURE

Monumens religieux. — Le premier fait qui, en architecture, indiqua une orientation nouvelle, et qui précéda le renouveau