Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans celle-ci se produit un incident. Magon de la Blinaye. a demandé que son employé de confiance, le citoyen Gardie, fût présent, afin de l’aider à fournir les explications qui seront jugées nécessaires. Tandis qu’on poursuit la vérification de ses papiers, le citoyen Gardie, voyant dans la main de l’un des commissaires une note qui vient d’être découverte, la lui arrache et la met en morceaux. Ce malheureux paiera de sa vie cet acte de courage : en attendant, on l’arrête et il est jeté en prison. Magon de la Blinaye, qui jusque-là avait été laissé prisonnier dans sa maison, est également incarcéré.

L’opération se continue sans lui pendant plusieurs jours. Elle amène la découverte et la saisie de plus de 200 000 francs en assignats, de plus de 80 000 francs en monnaie d’or et d’argent, de 193 marcs d’argenterie, de bijoux, de meubles et autres objets de valeur auxquels il convient d’ajouter cent quatre-vingt-trois balles de toile qui garnissent les magasins du prévenu. Un peu plus tard, le numéraire sera expédié à Paris, le reste sera vendu aux enchères à Saint-Malo. Mais, étant donné les mœurs et les habitudes des individus qui ont procédé à cet acte de brigandage, on peut se demander si le produit total de la saisie a été versé au Trésor public et si, comme leurs collègues de Paris chargés d’opérer chez Magon de la Balue, ils n’ont rien retenu pour leur usage personnel.

Le 17 frimaire (7 décembre), le Comité de surveillance de Saint-Malo rendait compte de ses opérations au Comité de Sûreté générale : « Citoyens Représentans, En exécution de la commission militaire et révolutionnaire près les armées des côtes de Brest, nous avons commencé de concert des recherches scrupuleuses chez tous les Magon résidant en notre ville. Magon la Lande fils ne s’est trouvé avoir qu’un contrat d’acquêt fait sous signature privée par feu son père du ci-devant marquisat de Tilly… et un reçu de 5 000 francs de Saint-Pern son gendre émigré, payés le 15 décembre 1790 par anticipation pour la pension de la fille, et un pareil, 15 décembre, pour 1791, et un pareil pour 1792.

« Chez Magon de la Blinnais (sic), nous avons trouvé une caisse d’argenterie, 21 sacs de 1 200 francs, et 700 louis en or cachés dans ses caves et quantité de papiers qui nous ont paru suspects et que nous nous occupons présentement d’examiner ; nous avons mis le nommé Gardie dans la maison d’arrêt.