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possession d’une nombreuse famille. Magon de la Villehuchet avait quatre fils dont deux seulement vivaient auprès de leur mère et de lui, les deux autres naviguant au loin. Magon de Coëtizac en avait trois. L’aîné habitait Saint-Malo ; ses frères étaient dans la marine comme leurs cousins.

Riches et entourés de considération, il n’est pas étonnant que les Magon se fussent alliés, par plusieurs mariages, à des maisons nobles et notamment à celle des Saint-Pern, l’une des plus anciennes et des plus illustres de Bretagne. Elle était représentée, alors, entre autres membres, par René-Célestin Bertrand de Saint-Pern, né en 1716 au château de Brondineuf dans les Côtes-du-Nord. Qualifié d’abord comte de Ligouyer, ce gentilhomme était devenu marquis de Saint-Pern, à la mort de son oncle, décédé lieutenant général, après s’être couvert de gloire pendant la guerre de Sept ans et au moment où il allait être promu maréchal de France. Orphelin de bonne heure et élevé par cet oncle, René-Célestin Bertrand avait servi tour à tour comme lieutenant dans les Gardes Françaises et dans le régiment du Roi. Ayant épousé à Rennes, en 1741, l’unique héritière de la maison de l’Ollivier de Saint-Maur, il s’était alors retiré du service. Possesseur, par sa femme et par lui-même, d’une grande fortune, que devaient accroître par la suite plusieurs héritages, il vivait tantôt au château du Bois-de-la-Roche près Ploërmel, tantôt et préférablement à celui de Couëllan, commune de Guitté proche de Dinan, qu’il avait restauré et agrandi.

C’est là qu’en septembre 1758, il avait appris le débarquement d’un corps d’armée anglais sur les côtes de Bretagne. Il était parti aussitôt pour se mettre à la disposition du duc d’Aiguillon, auquel il amenait une compagnie de volontaires, tous gentilshommes, dont il avait été élu capitaine. Sur le théâtre de l’action où l’avait accompagné son cousin le comte de Saint-Pern de Lattay, il allait retrouver son frère, le chevalier de Saint-Pern, colonel du régiment de Penthièvre-infanterie. Avec eux, il prit part, le 2 septembre, au combat de Saint-Cast où les Anglais essuyèrent une sanglante défaite. Il revint ensuite auprès de sa famille à laquelle il continua à se consacrer. Il n’avait pas eu moins de dix-neuf enfans. Mais, la mort ayant opéré ses ravages à travers cette nombreuse lignée, elle ne comptait plus que six fils et trois filles. Cinq des fils appartenaient comme officiers aux armées de terre et de mer. Les filles