1720, par le fameux Law qui projetait d’y transporter le siège de ses opérations, et vendu par lui, bientôt après, à la non moins fameuse comtesse de Parabère, cet immeuble, dont elle s’était dessaisie après l’avoir occupé pendant plusieurs années, avait successivement appartenu depuis au président de Ségur du parlement de Bordeaux, au fermier général Léonard de Cluzel et à Bertrand Dufresne, administrateur de la Caisse d’Escompte, pour arriver enfin dans les mains d’un actionnaire de cette caisse, Jean-Baptiste Magon de la Balue, ancien fermier général et fondateur de la banque qui portait [son nom ; il avait établi là ses bureaux et son habitation.
Il était né en 1713, à Saint-Malo. Sa famille y tenait un rang considérable. Elle le devait au brillant renom qu’avaient acquis dans leur carrière plusieurs de ses membres dont l’existence s’était confondue, depuis le milieu du XVIe siècle, avec celle de la cité malouine. Ils y avaient occupé de grandes charges. On trouve parmi eux un connétable, deux colonels des milices bourgeoises, des chanoines du chapitre co-seigneur de Saint-Malo avec l’évêque, des conseillers de la couronne près du parlement de Bretagne. Riches et généreux, ils avaient coopéré à d’importantes fondations pieuses et charitables. Comme pour la plupart des Malouins, le négoce de mer et les armemens avaient été la source de leur fortune.
Dans un mémoire daté de 1788, il est dit que « cette famille est si ancienne en Bretagne que l’on ignore le temps auquel elle a commencé, » les titres nécessaires pour le constater ayant disparu. Néanmoins, il est établi que, dès 1546, elle comptait parmi les maisons nobles et qu’en plusieurs circonstances, ses descendans avaient fait leurs preuves de noblesse. Depuis cette époque, les Magon étaient devenus légion, chacune des branches se distinguant des autres par un nom nobiliaire ajouté au nom patronymique. C’est ainsi que le banquier de la place Vendôme était connu sous le nom de Magon de la Balue ; son frère, plus jeune que lui d’une année, et qui n’avait pas quitté la ville natale, sous le nom de Magon de la Blinaye ; leur cousin ancien trésorier général des États de Bretagne qui habitait tantôt Paris, tantôt le château de Tilly d’Orceau en Normandie, et le fils de celui-ci fixé à Saint-Malo, sous le nom de Magon de la Lande. Il y avait encore, répandus dans le pays de Bretagne, tous possesseurs de terres et plusieurs à la tête de maisons