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346 REVUE DES DEUX MONDES. ardemment. On entend la musique d’une marche.) Mais je la reconnais, ami, cette femme!... belle et touchante, majestueuse et fragile, fleur rare, fleur impériale... Ami, que penses-tu de ce présage : elle est telle, absolument, que je l’avais vue, reflétée dans le miroir des songes... PuiTs-DEs-Bois. — Les regards du dragon traversent l’es- pace. L’Empereur regagne le banc., appuyé sur Puits-des-Bois^ et s y laisse tomber, presque défaillant. — Vois comme l’émotion brise mes forces... PuiTs-DEs-Bois. — Vous ètcs comme la lyre sacrée dont les cordes frémissent au moindre souffle. SCÈNE Vlll LES MÊMES. LE PETIT EMPEREUR DE NANG-KING, un enfant de sept à huit ans, qui entre en jouant au volant avec ses mains, ses pieds, ses coudes, en de très gracieux gestes. Des femmes le suivent. Deux serviteurs restent au fond. ^ Femme, qui veut reprendre le volant. — Sire, prenez garde de trop vous échaufl*er. L’Enfant. — Non, non, donne! Je veux jouer encore! ^ Femme, s’ approchant respectueusement de V Empereur tar- tare. — Seigneur, il n’est pas convenable de demeurer en la présence de Sa Majesté, notre jeune empereur. L’Empereur. — C’est lui!... (Le volant du petit Empereur de Nang-Kitw vient tomber sur les genoux du grand Empereur, qui le prend entre ses doigts.) L’Enfant, à la 5® femme. — Laisse-le assis là, je le veux. Tu vois bien qu’il est malade! (A l’Empereur.) Pourquoi es-tu si pâle? Tu t’es fait mal? L’Empereur. — Non... Sire... C’est une émotion qui m’a fait pâlir. L’Enfant. — Laquelle? L’Empereuk. — Celle de vous voir, peut-être. L’Enfant. — C’est pour rire... Trouves-tu que je joue bien au volant? L’Empereur. — Avec une grâce infinie. L’Enfant. — Tout à l’heure, pendant la cérémonie, il va